Vibrillonnante.
Inaliénable.
Pertinente jusque dans ce nouvel état.
La fillette frissonne.
Il fait froid, elle est froide, elle frissonne.
C’est froid, de plus en plus froid et c’est bien sûr la caractéristique sensible évidente de la mort.
De quoi frissonner sous la fine couche d'un tissu immaculé.

N’en dire pas plus parce que la moindre image foisonne d’énigmes.
Se préserver aussi du parfum d’affabulations.

Reste juste à dire moi dans l’espace béant.
Dans cette situation somme toute inconfortable et inédite, sans savoir, sans vouloir, j’étais à la vie.
Tout était contenu dans cette poignée de mots.
J’étais à la vie.
Avec rien d’autre que moi et pour rien d’autre que l’instant, que maintenant.
J’étais sans rien autour.
Rien à saisir, à contenir, ou encore avec quoi interagir.
J’étais parmi, seule parmi et d’une façon que je ressentais comme définitive.

Je pensais que la vie de cette fillette universelle avait dépendu de quelques étoiles, de leurs oscillations, et de forces en contradiction.
Elle était morte au mois de décembre sept ans après sa naissance.
Les jours suivant son décès, son influence était toujours tangible et elle avait désarmé en moi la rage inhérente à l’absurdité de la vie.
J’avais ralenti, tâtonnant dans le blanc.
Tout ce blanc qui m’autorise à jamais un autre voyage, un autre trajet.
Je n’en avais pas espéré tant.

(extrait de La dernière chambre, Fage, Lyon, 2010)

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© Loutre-Barbier